
Avec un dirigeant familial sur quatre âgé de plus de 60 ans et un sur dix de plus de 65 ans, plus d’une PME et ETI sur deux sera confrontée à la transmission dans la prochaine décennie. Pourtant, 47 % des dirigeants entre 60 et 69 ans n’ont pas de plan de succession ! (Bpifrance Le Lab)
Ce constat soulève des questions essentielles :
- À quel âge faut-il transmettre ?
- Quel est le moment idéal pour reprendre ?
- Comment opérer une transmission qui respecte l’héritage tout en insufflant une nouvelle dynamique ?
Le passage de flambeau, c’est une question d’anticipation, de préparation et un travail intergénérationnel.
Alors, par où commencer ?

Anticiper pour préserver la performance :
Transmettre avant 65 ans
Les experts s’accordent : la transmission idéale s’anticipe pour une passation autour de 65 ans. Ce timing permet d’optimiser les performances de l’entreprise tout en assurant une transmission en douceur, car nous constatons une baisse de la performance de l’entreprise en lien avec l’âge du dirigeant.
Performance et âge :
Selon l’Université Bocconi, les dirigeants ayant passé l’âge de la retraite affichent :
- Une baisse de 1,2 point du retour sur capitaux propres (ROE – Return on Equity).
- Une diminution de 0,9 point de croissance du chiffre d’affaires.
Prise de risques limitée :
À l’approche de 65 ans, les stratégies des dirigeants deviennent plus conservatrices, freinent l’innovation et impactent négativement la performance future (McClelland, Barker et Oh, 2011).
Garantir une transmission sereine avant que le cap des 65 ans ne freine la dynamique de l’entreprise.
Reprendre entre 35 et 45 ans : l’âge pour insuffler une nouvelle dynamique
Pourquoi cette tranche d’âge est-elle idéale ?
Reprendre une entreprise familiale à 35-45 ans permet d’allier :
- Maturité professionnelle : Une expérience solide pour relever les défis stratégiques.
- Capacité à innover : Une énergie et une créativité nécessaires pour insuffler un nouvel élan à l’entreprise.
Les chiffres parlent d’eux-mêmes :
- 51 % des jeunes repreneurs envisagent de prendre davantage de risques que leurs prédécesseurs (Étude Deloitte, 2016).
- 56 % d’entre eux souhaitent infléchir la stratégie de l’entreprise familiale.
Les entreprises dirigées par des dirigeants plus jeunes affichent :
- +1,4 point de rentabilité des capitaux propres (ROE – Return on Equity).
- +1,7 point de croissance du chiffre d’affaires par rapport à leurs aînés (Université Bocconi).
Et si on tarde trop ?
Un dirigeant qui attend risque de ne jamais transmettre. Transmettre trop tard, c’est prendre le risque d’un décalage de vision avec la nouvelle génération, ou que celle-ci ait privilégié d’autres projets. Ensuite, l’âge de 65 ans est souvent évoqué comme idéal car c’est celui qui permet d’envisager une nouvelle étape de vie personnelle et un nouveau projet.
Les bonnes pratiques que nous recommandons :
1. Ne pas dépasser l’âge de la retraite pour transmettre
Préparer la transmission suffisamment tôt pour éviter les écueils – dès 55 ans !
2. Accompagner le transmetteur.
S’assurer que le transmetteur a construit un projet solide pour l’après, lui permettant de se projeter sereinement dans une nouvelle étape de vie…et de laisser la place !
3. Former progressivement le repreneur.
Impliquer les jeunes générations dans des responsabilités croissantes pour une transition naturelle entre 35 et 45 ans.
4. Favoriser la collaboration en étant dans la bonne posture.
Le transmetteur peut rester impliqué comme conseiller, offrant son expérience au service du receveur dans l’inflexion stratégique qu’il souhaite apporter.
Conclusion :
NE PAS DEPASSER L’AGE DE LA RETRAITE POUR TRANSMETTRE L’ENTREPRISE FAMILIALE.
L’âge du transmetteur et du receveur peuvent impacter positivement et, a contrario, négativement le succès d’une transmission.
- L’âge idéal pour transmettre est avant 65 ans : au-delà de 65 ans, la performance de l’entreprise est impactée par l’âge du dirigeant. C’est également l’âge auquel on a toujours l’énergie pour construire le projet d’après.
- L’âge idéal pour reprendre se situe entre 35 et 45 ans : cette tranche d’âge permet d’avoir acquis une expérience professionnelle suffisante et d’avoir développé une certaine maturité personnelle, tout en conservant le dynamisme nécessaire pour insuffler un nouvel élan à l’entreprise.
- Si la transmission n’est pas opérée à 70 ans, elle risque de ne jamais être réalisée.
Sources :
McClelland, P. L., Barker, V. L., & Oh, W. Y. (2012). CEO career horizon and tenure: Future performance implications under different contingencies. Journal of Business Research, 65(9), 1303-1310.
Deloitte (2016). Next-generation family businesses: Evolution, keeping family values alive. Deloitte EMEA Family Business Centre.
Corbetta, G., Quarato, F., & Minichilli, A. (2016). The AUB Observatory Report on Italian Family Firms. Università Bocconi.
Bpifrance Le Lab (2023). Les entreprises familiales à l’épreuve des générations. Bpifrance Le Lab.

Par Perrine Julien
Manager Accompagnement Transmission